« Repose dans la grande paix naturelle
Cet esprit épuisé,
Battu sans relâche
Par le karma et les pensées névrotiques,
Comme l’incessante furie
Du martèlement des vagues
dans l’océan infini du samsara.
Repose dans la grande paix naturelle. »
— Nyoshül Khen Rinpotché

Nyoshül Khen Rinpotché (1932–1999) était un maître de méditation tibétain vénéré, érudit et poète, dont la présence extraordinaire et le brillant style d’enseignement ont eu un profond impact sur la génération actuelle des lamas tibétains et sur la transmission du bouddhisme tibétain en occident.

Détenteur principal de la lignée dans le mouvement non sectaire Rimé du bouddhisme tibétain, Nyoshul Khenpo a eu comme maitres vingt-cinq enseignants de toutes les lignées tibétaines. Avant tout, il faisait autorité dans les enseignements du maître nyingma Longchenpa et du Longchen Nyingthig, un cycle d’enseignements qui révèle la nature fondamentale de la pureté lumineuse de l’esprit. Rinpotché a aussi maitrisé plusieurs des plus hautes pratiques d’autres lignées tibétaines, dont les Six yogas de Naropa, le Lamdré, Kalachakra et Tcheud.

Nyoshul Khen Rinpotché est né en 1932 dans la région de Dergué dans le Kham au Tibet oriental. Son père était un bandit de grand chemin qui a abandonné sa famille alors que Rinpotché était très jeune. Sa mère et sa grand-mère paternelle ont prié sur son berceau pour que le disciple de cœur de Patrul Rinpotché, Nyoshul Lungtok Tenpai Nyima, vienne leur enseigner et les bénir.

Voyant que son jeune petit-fils était doux et aimant, sa grand-mère l’a encouragé à suivre le Dharma. À l’âge de cinq ans, sa mère et sa grand-mère l’ont emmené au monastère Sakyapa voisin où il a reçu son nom de refuge. Trois ans plus tard, il y entrait officiellement.

Démontrant un engagement sérieux dans le Dharma, Nyoshul Khen Rinpotché quitta le monastère à l’âge de douze ans à la recherche des instructions d’un grand lama du nom de Rigdzin Jampel Dordjé. Sous la direction de ce maître, il a effectué les pratiques préliminaires ( ngondro  en tibétain ). Il a ensuite suivi la formation académique rigoureuse de douze années pour l’obtention du diplôme de Khenpo, tout en entreprenant les pratiques associées du Mahayana et du Vajrayana ainsi que des retraites solitaires.

À l’âge de dix-huit ans, alors qu’il vivait à Nyoshul Gompa, Nyoshul Khenpo a reçu les profonds enseignements du Longchen Nyingthik, dont les Instructions cruciales de l’essence du cœur. Faisant écho aux prières de sa mère et de sa grand-mère, ces enseignements lui ont été transmis par Nyoshul Lungtok Shédrup Tenpai Nyima. Au cours de ces transmissions, Shédrup Tenpai Lama a introduit Nyoshul Khenpo à la nature de l’esprit et est devenu son maître racine et principal enseignant.

Nyoshul Khen Rinpotché a aussi reçu des enseignements d’autres grands yogis, khenpos et lamas réincarnés. Il a poursuivi intensément diverses pratiques, comme Toumo, Roushen, les Six yogas de Naropa, le Mahamudra et Kalachakra.

Quand les Chinois ont consolidé leur occupation du Tibet en 1959, Nyoshul Khenpo, âgé de vingt-sept ans, a franchi l’Himalaya pour l’exil. Il a passé les 25 années suivantes en Inde, rassemblant un grand éventail d’expériences et vivant parfois comme un mendiant.

En Inde, il a reçu des enseignements de maitres tibétains en exil comme Dudjom Rinpotché, Dilgo Khyentsé Rinpotché et le XVIe Gyalwang Karmapa. Plus tard ces mêmes lamas, ainsi que d’autres (dont Taï Sitou Rinpotché, Pema Norbu Rinpotché, Sakya Tridzin et Dzogchen Rinpotché) l’ont invité à enseigner dans leurs propres monastères.

Au début des années 1970, Nyoshul Khenpo a presque failli mourir. Son système nerveux, sévèrement affecté par un accident vasculaire cérébral ou plus probablement par un empoisonnement, était si compromis qu’il est été infirme pendant plusieurs années. Un maitre bhoutanais lui conseilla de se marier et d’entreprendre une pratique de longévité. Il se maria donc avec Damchö Zangmo et le couple s’installa à Thimphu, au Bhoutan. Là, il passa la plus grande partie de son temps à enseigner, et à co-écrire L’Avènement de la grande perfection naturelle, un recueil d’enseignements Dzogchen inspirants et de chants vajra spontanés.

Dans ses dernières années, Nyoshul Khen Rinpotché s’est rendu en Suisse pour des traitements médicaux. Il a ensuite passé huit ans dans le Sud-Ouest de la France, enseignant à ses étudiants et voyageant occasionnellement aux États-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Il est décédé en France, en Dordogne, en aout 1999.